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Vis ma vie de supportrice(teur) de triathlète


Sophie Vilmont

Oui courir un triathlon est à la fois grisant, excitant et stressant. Mais encourager, rassurer, et supporter dans tous les sens du terme, ce n'est pas loin non plus d'être un job à plein temps sur une course.

Oui courir un triathlon est à la fois grisant, excitant et stressant. Mais encourager, rassurer, et supporter dans tous les sens du terme, ce n'est pas loin non plus d'être un job à plein temps sur une course.

Le réveil à 5h00 (qui pique)

Il est 5H00 Paris s'éveille, et vous aussi. Votre compagnon(compagne) a choisi de participer, au Triathlon de Chantilly, à une bonne heure en voiture de la capitale, et probablement pour vous embêter, s'est inscrit sur la vague de 8H50. Evidemment vous tentez de négocier les 10 minutes de plus dans le lit, mais c'est peine perdue, au risque de stresser le triathlète : douche, petit-dej, vélo à charger, bouchons à anticiper, plus énième vérification du matériel, tout est millimétré.

La queue, la queue, et encore la queue

Le trajet s'est passé sans encombre, le triathlète est tout content et impatient de faire sa course. En voyant tous les coureurs sur le parking avec leur vélo d'un côté et leur tout le reste de l'équipement de l'autre, vous commencez à stresser, alors que non ce n'est pas vous qui allez faire la course. A l'arrivée du château il y a la queue, une file de vélo, de sacs et de.... parapluies. Pas de bol il pleut. « Pas grave, on commence dans l'eau », tempère le triathlète, non mais -c'est pour moi que je m'inquiète, moi, qui vais encourager et attendre sous la pluie. Le dit Chéri, récupère son dossard. Sachez que bien qu'il ait un porte-dossard, c'est votre job de penser aux épingles à nourrice, au cas où il en aurait besoin pour le fixer. Il est temps pour le triathlète de ... faire la queue pour déposer son vélo, pendant que vous vous les gelez en essayant de vous abriter sous un arbre. De loin vous le couvez des yeux telle une louve, a t-il bien préparé ses affaires pour les transitions ? Ses chaussures de vélo sont-elles bien accrochées sur les pédales grâce aux élastiques que vous avez dénichés quelques jours avant ? A priori oui, et il est temps pour le triathlète de faire la queue avec tous ses compères pour aller... aux toilettes ! Heureusement pour lui vous avez des mouchoirs Reine des neiges dans votre sac.

Tenter de reconnaître son triathlète dans l'eau

La pluie a cessé de tomber et il est maintenant temps pour la vague de 8H50 de se réunir pour un briefing. Un petit bisou et on laisse le triathlète rejoindre ses copains, nous, avec les supportices, on a une stratégie à élaborer selon le parcours que les organisateurs sont entrain de donner : où se poster pour voir la course ET être vues par nos hommes ? Ces derniers rejoignent le bord du bassin pour la natation, on tenterait bien un dernier coucou mais c'est trop tard, ils sont en phase de concentration. Après des cris d' encouragements dans tous les sens pour le départ, on se déporte aussi vite qu'on peut sur un côté du bassin pour les voir passer : « Allez chéri, vas-y, tu as une bonne allure, continue comme ça mon amour ! », je sens bien que je suis une supportrice de choc, sauf qu'une petite voix un chouilla agacé me crie « mais chérie je suis là ! ». Oups, boulette. A la fois, en combinaison noire, lunettes de plongées et même bonnet vert vissé sur la tête, ils se ressemblent tous !

De l'eau au vélo

Les hommes poissons sortent les uns après les autres du bassin, souvent en courant, et parfois en dézippant leur combinaison pour gagner du temps. Cette fois-ci je ne me plante pas, et encourage le mien, gratifiée d'un beau sourire et d'un coucou. Niveau transition tout a l'air de bien se passer, et voilà le triathlète repartit  pour le vélo. On le suit des yeux jusqu'à ce qu'il disparaisse du champ de vision, et là, il va falloir trouver de quoi s'occuper ; impossible d'aller sur une étape du parcours. Le Triathlon de Chantilly a pensé aux supporters, et nous avons la possibilité de suivre la progression de nos rouleurs en tapant leur numéro de dossard. Et 40 km c'est long, du coup pour tuer le temps... on mange !

Run baby run

Nous revoici derrière les barrières de sécurité pour ne pas louper la transition vélo/course à pieds. C'est assez amusant de voir les triathlètes courir à côté de leur vélo qu'ils tiennent d'une main. Les casques de couleur et les tenues diversifiées permettent de mieux les identifier et cette fois on peut y aller sur les « vas-y mon chéri c'est bientôt fini ». Mais ce n'est pas du tout fini, au chéri il lui reste encore 10km à courir et on a presque mal pour lui. Avec la team de supportrices, on réfléchit à un plan d'attaque : où se positionner sur le parcours de la course à pieds ? On choisit de s'éloigner un peu de l'arrivée, histoire de booster nos coureurs sur le dernier kilomètre, celui où les jambes et le mental commencent à se faire la malle. Certains supporters courent quelques mètres avec leur coureur, mais il ne faut pas non plus trop nous en demander, et puis nous ne sommes pas en tenue. Je m'égosille sur mes derniers encouragements lorsque mon coureur passe, avant de l'engueuler parce qu'il n'esquisse aucun sourire et ne me fait aucun signe. Je crie à l'ingratitude ; quoi il est en souffrance ? Cela dit, mes remontrances semblent avoir eu l'effet d'un booster puisque je n'ai pas le temps de me rendre à l'arrivée qu'il a déjà sa médaille autour du cou, tout content et transpirant. Et c'est alors que vous, supportrice (supporter), vous surprenez à être aussi contente que lui ; allez, cette médaille on l'accrochera à la maison!

NB: Merci au Triathlon de Chantilly, au  Pistoche Pinta Tri Cloub et à leurs supportrices de choc.

Sophie Vilmont