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Valérie Orsoni au sommet de l'Aconcagua


Sophie Vilmont

Au mois de janvier, la coach sportive Valérie Orsoni a gravi l'Aconcagua en Argentine. Culminant à 6962 m, c’est un un des plus hauts sommets du monde. Retour sur cette folle expérience et incroyable performance.

Au mois de janvier, la coach sportive Valérie Orsoni a gravi l'Aconcagua en Argentine. Culminant à 6962 m, c’est un un des plus hauts sommets du monde. Retour sur cette folle expérience et incroyable performance.

Comment vous est venue cette idée ?

Valérie Orsoni : L’an dernier on m’a diagnostiquée une sclérose en plaque (qui en fait n’en était pas une), et comme j’ai toujours eu envie de faire «L’ascension des sept sommets » qui consiste à gravir un des plus haut sommets par continent, je me suis dit que c’était le moment. D’autant qu’à ce jour, seulement 7 françaises sont allées au bout de ce projet, et si j’y arrive, je serai la seule à être non alpiniste.

Vous avez donc décidé de vous attaquer à l’Aconcagua en Argentine. En tant que non alpiniste, comment s’est passé la préparation ?

De base je suis sportive, et j’ai une bonne condition physique, ce qui je pense, est indispensable pour ce type de performance. Pendant 6 mois j’ai suivi le programme de Scott Johnson « Up hill athlet » qui est dédié à l’alpinisme et la haute montagne. Il permet d’augmenter la capacité cardiovasculaire et celle de monter. Comme je vis à San Fransisco, je me suis beaucoup entrainer à marcher avec un sac de 20kg et ai travaillé ma technique en allant plusieurs fois en Sierra Nevada. Et en parallèle de tout cela, j’ai continué à faire du cardio classique en travaillant en intervalle et en portant des poids, afin de m’entrainer à récupérer et repartir.

Combien de temps l’ascension de l’Aconcagua a-t-elle duré ?

Nous avons mis 3 semaines, ça a été l’expérience la plus éprouvante de ma vie. A mes côtés il y avait mon amie et guide de haute altitude, Ksenia. Beaucoup d’hommes qui participaient à l’ascension se se moquaient de nous en disant que nous n’irions pas au bout. Je pense que cela nous a donné une dose de motivation et de rage supplémentaire.

A partir de quel moment les choses sont-elles devenues épiques ?

La dernière partie de l’ascension reste un souvenir impérissable. Il faut nous imaginer nous coucher à 16h à 6000m d’altitude dans notre camps de base, et nous réveiller à 3h pour s’équiper et prendre un petit déjeuner alors qu’il fait -15. Pour avoir de l’eau on fait fondre de la neige que l’on met dans nos thermos, et on prépare les sacs à dos : doudoune, pantalon, parka, crampons, piolet, nourriture, et nous partons pour un premier bloc. Il fait nuit totale, et seules les lampes frontales éclairent le chemin, pendant les deux premières heures, alors que nous avançons 150m à l’heure, je suis complètement dans ma bulle.

Les choses deviennent encore plus difficiles par la suite ?

Vers 6h du matin j’ai très froid aux pieds et je commence à avoir envie d’abandonner, mon souffle est court et j’ai mal à la tête. Mais le jour se lève doucement et cela fait du bien.  A 6200m on chausse les crampons et armés d’un piolet nous prenons une traverse, une sorte de chemin très très long pour relier deux points. Le manque d’oxygène se fait sentir et j’ai de grosse difficultés à respirer. Il faut donc marcher très lentement, car si j’avance trop vite j’ai l’impression que ma tête va exploser. Pour me donner de la force je ne pense pas aux personnes que j’aime, mais plutôt à celles qui m’ont fait douter, qui disaient que je n’y arrive pas, mais il n’est pas question que je leur donne raison.

A ce moment, le sommet n’est plus très loin ?

A 9h du matin nous sommes au bout de la traverse et nous avons l’impression que le sommet est à proximité. Pourtant, à chaque fois que l’on fait un pas, on ne le voit pas se rapprocher. Psychologiquement c’est dur, d’autant qu’entre la glace et la neige, on s’arrête tous les deux pas. A 7000m nous finissons par arriver sur le sommet, et le paysage est d’une beauté époustouflante, tout y semble pur. J’ai énormément de mal à respirer, et je fonds en larmes dans les bras de mon amie. Je suis à la fois hyper heureuse d’avoir réussi et émue devant la beauté du paysage, et en même temps il y a comme un vide dans mon esprit. Nous restons en haut 5 minutes, puis entamons la descente avec beaucoup de vigilance, car 80% des accidents se produisent en descente, entre la fatigue et le relâchement des tension.

Quelle est la prochaine ascension ?

J’hésite encore entre le Mont Denati en Alaska, et la Pyramide de Carstensz en Papouasie !

Retrouvez Valérie Orsoni sur instagram @valerieorsoni et tous ses programmes sportifs sur lebootcamp.com